Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle...

Les loups, malingres et féroces, sont nombreux, suffisamment pour mettre à mal de simples villageois. Qui plus est, un incendie s’est déclenché accidentellement dans le chaos et menace de brûler les réserves de grain déjà fort amoindries. Les personnages sont les sauveurs tout indiqués de Roncetour. Il leur faudra réussir un total de dix tests (FORce de difficulté 5) pour parvenir à maîtriser le feu. En s’y mettant tous, les joueurs peuvent obtenir ces dix succès en quelques tours. Or, choisir de lutter contre le feu, c’est accepter de laisser les villageois se faire dévorer par les loups, de surcroît si le feu n’est pas maîtrisé au bout de cinq tours, il devient impossible de l’arrêter avec quelques seaux d’eau, la réserve de grain finit par partir en fumée sans qu’on puisse y faire quoi que ce soit. Les villageois sortis pour venir en aide à leurs bêtes puis à leurs voisins tombent comme des mouches si les personnages ne leur viennent pas en aide. Il va falloir choisir, et choisir vite.

Une fois la bataille achevée, le bourgmestre et les villageois accueillent les personnages chaleureusement, toutefois un test SAGesse de difficulté 10 permet de constater que les gens, s’ils sont rassurés par l’intervention des jeunes héros, n’en demeurent pas moins démoralisés. Les personnages sont invités à partager la demeure d’Arcin, le bourgmestre, autant de temps qu’ils le souhaitent. Une bonne discussion avec lui met les personnages au courant de ce qu’il se trame.

Il y a trois mois, Pramian a disparu. Étrangement, depuis sa disparition la situation n’a pas cessé de se dégrader dans le village. D’abord, le temps s’est fait de plus en plus nuageux, puis la majeure partie de la récolte a pourri sans qu’on se l’explique réellement, enfin il y a eu les loups. Le bourgmestre sait qu’il doit déjà beaucoup aux aventuriers pour leur intervention, mais il souhaiterait qu’ils parviennent à retrouver Pramian dans l’espoir d’obtenir des réponses. Il est convaincu que les personnages ne sont pas là par hasard. Personne ne passe jamais par Roncenoir, pour le bourgmestre, c’est un signe des dieux.

Les personnages seront donc conduits à mener l’enquête sur la disparition du druide. Les pistes ne foisonnent pas. Une seule personne, un chasseur du nom de Farras, aura vu Pramian se diriger vers le nord. Le plus étrange étant que Pramian semblait suivre Hellia que le chasseur avait croisé quelques instants plus tôt. Cette discussion conduira le chasseur à préciser une chose que les joueurs auront sans doute entendue plusieurs fois dans la bouche des Roncetourois : Hellia semble tout à fait épargnée par le malheur. Depuis son mariage, le mois dernier, elle paraît pleinement épanouie, ses animaux se portent bien quand les autres tombent malades, son potager est généreux, etc. Durant l’attaque des loups, elle n’a pas perdu une seule bête. Elle pourrait s’attirer les rancœurs et les jalousies de ses voisins, mais comme elle partage tout ce qu’elle peut, elle parvient à rester dans leurs bonnes grâces.

Si les personnages vont discuter avec elle, elle se montre d’abord méfiante, mais dès que l’on parvient à gagner sa confiance (avec un test réussi de CHArisme de difficulté 10), elle expliquera volontiers la cause de sa bonne fortune. Cette cause, vous la connaissez puisqu’il s’agit de sa visite à la tour et de la Rose d’or qu'elle en a ramenée. Elle craint également que quelqu’un ait courroucé la déesse, car celle-ci a toujours protégé Roncetour. En revanche, il ne sera pas évident de convaincre Hellia d’y retourner, elle craint que la déesse ne lui permette pas une seconde fois d’arriver jusqu’au cœur de la tour. Oublions la technique puisqu’il n’y aurait aucun intérêt à ce que le refus soit catégorique, mais poussez tout de même vos joueurs à déployer des trésors de roleplay pour parvenir à leurs fins. Avec les bons arguments (jouer sur sa charité et son amour du village reste la meilleure solution), des manières et l’assurance d’une protection, Hellia finit par céder et accepte de servir de guide aux joueurs dans le labyrinthe.

Hellia guidera les personnages avec d’autant plus de craintes qu’elle doute que le charme fonctionne toujours. C’est pourtant le cas. Il ne lui faudra guère qu’une heure pour conduire les personnages jusqu’au cœur de la tour. Toutefois, le chemin ne sera pas de tout repos. Des araignées géantes ont élu domicile dans le labyrinthe et tombent sur les personnages à l’improviste. Tout comme l’attaque des loups qui paraît tout à fait inexplicable, la présence des araignées a de quoi interroger les personnages. En fonction du degré de cruauté du Meneur, les araignées peuvent passer à l’offensive entre une et trois fois.

Au fond de la pièce est dressée une grande statue de la déesse, la toge qu'elle arbore est sculptée d'un somptueux drapé.  À quelques pas devant elle, un autel de pierre surmonté d’une épaisse couche de terre grasse exhibe le triste spectacle de roses dorées fanées, têtes basses et nues. Des pétales rabougris jonchent la terre de l’autel. Les personnages n’auront que peu de temps pour apprécier le spectacle, car sur la gauche de la pièce, une créature somnolente s’éveille brusquement. C’est Pramian, mangé de ronces et de racines, il a le visage tordu par la démence au milieu de ses épines. Il attaque les personnages sans préambule, semblant avoir totalement perdu la raison. Ses longues branches épineuses et souples peuvent attaquer chacun des personnages, et ce à chaque tour. Le combat ne sera pas aisé, surtout si l’on tente d’épargner Hellia. Une fois abattu, Pramian retrouve sa forme originale bien qu’elle soit largement marquée par les blessures. Le druide expire dans une sorte de soulagement et à défaut de survivre, au moins part-il apaisé. Entre ses doigts, une Rose d’or qui paraît en moins mauvais état que les autres. Les personnages seraient bien mal inspirés de ne pas remettre la rose à sa place et, à moins qu’il connaisse un amour véritable, le voleur de rose subirait le même sort que Pramian.